Traitement par les cellules CAR-T: une percée potentielle dans la lutte contre le cancer

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En moyenne, 180 Belges apprennent chaque jour qu’ils sont atteints d’un cancer. Grâce aux nombreuses recherches menées sur le cancer ces dix dernières années, des traitements plus efficaces ont progressivement été développés.
Une de ces nouvelles formes de traitement est la thérapie CAR-T. Lors d’un tel traitement, les cellules d’un patient cancéreux sont modifiées génétiquement, ce qui leur permet de mieux cibler les cellules cancéreuses. Cette nouvelle technique est déjà considérée comme une avancée décisive dans la lutte contre le cancer. Plusieurs formes de thérapie CAR-T sont déjà proposées par différentes sociétés pharmaceutiques. De plus, cette technique fait l’objet de travaux de recherche approfondis.
Comment fonctionne la thérapie CAR-T?
L’approche thérapeutique CAR-T est une des formes de thérapie par lymphocytes. Le matériel génétique de cellules immunitaires (qu’on appelle « cellules T ») du patient est traité de manière à ce qu’il puisse lutter plus efficacement contre les cellules cancéreuses. Les cellules modifiées visent les protéines qui sont présentes surtout dans les cellules cancéreuses, mais dans une moindre mesure dans les cellules saines.
Voici comment se déroule un traitement de thérapie CAR-T :
- Le patient se fait retirer des cellules grâce à la technique de l’aphérèse, un processus par lequel des composants sanguins sont enlevés du sang.
- Ces cellules sont modifiées génétiquement en laboratoire par l’ajout d’un morceau d’ADN, qui permet aux cellules CAR-T de reconnaître plus facilement les cellules malignes et de les attaquer.
- Les cellules modifiées sont retransfusées au patient.
Dans cette vidéo prof. dr. Michel Delforge explique le fonctionnement de la thérapie CAR-T.
Les premiers résultats de la thérapie CAR-T sont prometteurs : on a pu observer un effet sur les cellules cancéreuses pour une partie des patients pour lesquels aucun traitement adéquat n’était disponible (troisième ligne de traitement).
La thérapie CAR-T est-elle efficace contre tous les types de cancers?
Pour l’instant, le traitement par cellule CAR-T ne permet pas de traiter tous les types de cancers. Les cellules modifiées agissent sur certaines protéines qui ne sont pas présentes dans toutes les cellules cancéreuses. La thérapie semble actuellement porter ses fruits dans le traitement des cancers du sang, comme certains lymphomes, et dans certains types de leucémies.
L’élaboration d’un traitement similaire pour les tumeurs dites solides est prévue. Des recherches supplémentaires sont cependant nécessaires : les scientifiques veulent d’abord vérifier si d’autres mécanismes permettent de garantir qu’une forme de cancer répondra au traitement et qu’une autre ne répondra pas.
Cette thérapie est-elle déjà offerte en Belgique?
L’hôpital universitaire de Gand a commencé en 2017 à utiliser la thérapie CAR-T. L’été dernier, l’hôpital universitaire de Louvain a appliqué ce traitement à un patient pour la première fois dans notre pays. Dans les deux cas, cela s’est déroulé dans le cadre d’études cliniques. En Belgique, la thérapie CAR-T n’est pas encore admissible au remboursement par l’assurance maladie.
La vidéo ci-dessous montre l’application de CAR-T à Kristel, un patient belge qui lutte contre le cancer depuis 5 ans.
Puisque les cellules CAR-T sont produites spécifiquement pour le patient à travers un processus complexe, les coûts de ce traitement sont encore élevés.
La capacité limitée des laboratoires qui pratiquent la modification cellulaire en Belgique constitue également un obstacle. Compte tenu des coûts élevés, cela signifie que les premiers patients qualifiés pour la thérapie CAR-T sont ceux pour lesquels aucun autre traitement n’est disponible.
Aux Etats-Unis, différentes formes de thérapie CAR-T sont déjà sur le marché. En août 2018, l’Agence européenne des médicaments a accordé une autorisation de mise sur le marché de certaines thérapies CAR-T dans le cadre d’indications médicales précises. La prochaine étape consiste donc maintenant à offrir le remboursement de ce genre de traitement innovant, mais cela ne peut être décidé qu’à l’échelle nationale.
Cet article a vu le jour grâce à une collaboration avec Gilead Sciences.